Photo : tête de Petit Rhinolophe fer-à-cheval (Rhinolophue hipposideros) ; c’est l’une des espèces européennes, répandue également en Asie jusqu’en Himalaya.

Ce sont les chauves-souris fer-à-cheval de l’Ancien-Monde, répandues depuis l’Europe occidentale jusqu’à l’Australie, à travers l’Asie tempérée et tropicale (jusqu’au Japon), aux Philippines et en Nouvelle-Guinée. Il n’y a que 2 genres, Rhinolophus, avec près de 70 espèces, et Rhinomégalophus, avec une seule espèce.

Leur nom vernaculaire vient de la forme de leur feuille nasale compliquée, dont la partie basale, qui entoure les narines, a été comparée à un fer-à-cheval ayant l’ouverture dirigée vers le haut. Juste au-dessus se trouve une lame pointue, la lancette, qui s’étend entre les petits yeux vers la base des oreilles. Ses bords présentent des fossettes et au milieu de sa base se trouve une structure, appelée selle, qui divise plus ou moins les deux parties droite et gauche la dépression du fer-à-cheval. Comme on l’a vu dans le précédent chapitre, ces chauves-souris émettent des ondes ultrasonores par les narines, et la feuille nasale en concentre le faisceau. Leur méthode d’écholocation diffère de celle des Vespertillionidae et elles exploitent un autre type de signal. Les oreilles, vastes et pointues, n’ont pas de tragus. La queue est relativement courte, et quand l’animal se repose, elle est rabattue sur le dos et non pas sous le ventre comme chez les Vespertillionidae. Les Rhinolophidae vivent dans les grottes, sous les toits ou dans les caves des maisons, et au lieu de se cacher dans les fentes, ils se tiennent suspendus au plafond, c’est pourquoi on les voit très facilement. Ils s’accrochent par les griffes des orteils et entourent leur corps avec les ailes, de sorte que la fourrure est complètement cachée; ils ressemblent alors à des fruits suspendus ou à des gousses de légumes. Ils n’ont besoin que d’une prise minuscule et savent tirer parti de la moindre aspérité. De plus, ils peuvent voler directement à leur point d’ancrage, faire demi-tour dans l’espace, s’accrocher et replier les ailes en une fraction de seconde, le tout dans l’obscurité la plus complète.

Photo : le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) suspendu sous une voûte naturelles dans une grotte ; on les reconnaît facilement grâce à la structure de la feuille nasale, et à sa façon de s’emballer avec ses ailes (©X. Gonin, grotte du Salève, France).

Les Rhinolophidae ont de fausses tétines, trait commun aux Yinperochiroptera, dans la région pubienne, et le petit s’y fixe quand sa mère le transporte. Glandes mammaires et tétines fonctionnelles se trouvent sur la poitrine.

Autre particularité : chez les femelles des espèces qui ont été étudiées en détail, l’ovaire gauche est petit et apparemment inactif, tandis que le droit seul produit des ovules, et la gestation se produit toujours dans la corne droite de l’utérus. C’est le cas de R. ferrum-equinum, de R. hipposideros, les Grands et Petits Rhinolophes fer-à-cheval, et de R. euryale, le Rhinolophe euryale, qui sont communs dans une bonne partie de l’Europe et dont il est facile de localiser les colonies. Le baguage (cette méthode a malheureusement tendance à blesser l’avant-bras des chauves-souris, mais c’est le seul moyen économique qui a fourni le plus de renseignements) réalisé en plaçant un anneau sur l’avant-bras a fourni de nombreux renseignements sur leurs habitudes. Grâce à cette technique, on a pu savoir qu’en hiver la léthargie est discontinue et que les chauves-souris s’éveillent à de fréquents intervalles, évoluent dans leur grotte et même sortent la nuit quand la température est basse. Dans leur retraite, elles sont difficiles sur le choix de l’endroit où elles se fixent et ont besoin d’un microclimat bien déterminé au point du vue température et degré hygrométrique. Bien qu’elles ne migrent pas, elles changent de logis de temps à autre et peuvent franchir des distances de 80 kilomètres à l’occasion. Les Rhinolophes hibernent dans des cavernes qu’ils quittent généralement en été pour s’installer sous les toitures et peut-être dans les arbres creux, qu’ils devaient occuper avant que l’homme ne construise de maison. On sait que chez les Chiroptères l’hibernation n’est autre chose qu’une prolongation du sommeil ordinaire. Durant celui-ci, en effet leur température baisse et rejoint celle de l’air ambiant, et si celui-ci est très froid elle suit la même courbe, mais s’élève quand ils se réveillent. Dans les colonies estivales, les individus des deux sexes sont séparés, et l’on trouve généralement des femelles gestantes et allaitantes avec seulement quelques mâles. On ne sait pas exactement ce qu’il advient de ceux-ci en été. Le baguage a également prouvé la surprenante longévité de ces animaux dans la nature. On a constaté, par exemple, que les Petits Rhinolophes R. hipposideros pouvaient vivre une quinzaine d’années. La longévité des autres petits Mammifères de taille analogue – souris et musaraignes – est inférieure à 2 ans pour les sujets en libertés, et ne dépasse quatre ou cinq ans pour les sujets captifs.

Photos : Phases successives du vol d’un Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) ; phase A : phase propulaire du vol (ailes descendantes) ; phase B : fin de la course descendante des ailes ; phase C : relèvement des ailes, la chauves souris oriente ses ailes de façon à ne pas induire de portance négative, c’est-à-dire dirigée vers le bas. Dans ce cas, la phase montante des ailes est également une phase portante, qui soulève la chauve-souris, mais n’a pas de force propulaire ; phase D : après avoir complètement relevé ses ailes, le Petit Rhinolophe recommence un nouveau cycle de vol.

D’après ce que l’on connaît, les Rhinolophes sont purement insectivores et ils assimilent les tissus mous de leurs proies, négligeant leur exosquelette, dont les fragments apparaissent dans les déjections ainsi que les écailles de papillons nocturnes. Cependant, on a montré récemment que le suc gastrique du Grand Rhinolophe R. ferrum-equinum contient une grande quantité de chitinase capable de décomposer la chitine, élément constitutif de la carapace des Insectes et l’une des substances naturelles les plus résistantes qui soient. On ignore si les chauves-souris obtiennent un principe nutritif en digérant la chitine, mais il est probable que la destruction de ce composé facilite la digestion des autres tissus. La chitinase ne décompose certainement pas toute la chitine ingérée. Les nombreuses espèces du genre Rhinolophus diffèrent par leur taille, leur coloration et les détails structuraux de leur feuille nasale, mais du point du vue phylogénétique elles sont très proches et constituent un groupe homogène. Rhinomegalophus paradoxolophus, seul espèce de son genre, n’est connue que par un seul spécimen en provenance d’une grotte du Tonkin. Elle fut décrite en 1951 et diffère des Rhinolophus par sa feuille nasale et ses oreilles démesurées qui lui donnent un aspect bizarre.