C’est la plus importantes de toutes, avec ses 35genres et plus de 300 espèces. Elle est représentée dans le monde entier, depuis la limite des arbres au nord jusqu’à l’extrême sud des continents, à l’exception de l’Antarctique.De taille moyenne ou faible, les Vespertillionidae sont en majorité insectivores, et la plupart des espèces communes en Europe et en Amérique du Nord en font partie.

Photo : tête de Vespertillon ; à la base de l’oreille se trouve le tragus, de forme effilée.

Le tragus de l’oreille est bien développé; il n’y a pas de feuille nasale, sauf exception. Les grosses glandes pararhinales forment souvent des bourrelets sur les côtés du museau. La queue est généralement longue et le patagium interfémoral forme une poche dans laquelle la proie est envoyée d’un coup de la pointe de l’aile avant d’être avalée. La fourrure a le plus souvent une couleur terne allant du noirâtre au brun pâle; la face ventrale est généralement plus claire; mais certaines espèces ont des teintes très vives. Les emplacements choisis pour dormir varient des grottes et des arbres creux, ou autres cavités naturelles, aux constructions humaines, de surface ou hypogées. Quelques espèces dorment à l’air libre, fixée aux branches des arbres. Certains Vespertillionidae sont sociables saisonièrement ou de façon permanente, et dans quelques cas les mâles se séparent des femelles quand celles-ci mettent bas et nourrissent leurs petits. Enfin, quelques membres de cette famille effectuent des déplacements réguliers à grande distance.

Pour des raisons de commodité, on distingue 6 sous-familles, dont la première, celle des Vespertillioninae, réunit le plus grand nombre de genres et parmi eux Myotis qui compte à lui seul près de 70 espèces, ce qui est un record.

M. lucifugus, d’Amérique du Nord, le Grand Murin M. myotis, le Murin à moustaches M. mystacinus et le Murin de Natterer M. nattereri, d’Europe et d’Asie, ont une très vaste répartition et font partie des espèces les plus connues. Beaucoup de Myotis sont gris terne ou brunâtre, mais M. formosus, le Murin d’Hodgson, de Chine méridionale, du Japon et du nord de l’Inde, a une fourrure orange vif. Beaucoup de Murins dorment dans des grottes ou sous les toits des maisons, et plusieurs vivent en colonies.Tous , enfin, sont insectivores. M. daubentoni, le Murin des marais, à la curieuse habitude de raser l’eau des étangs et des rivières pour capturer les Insectes volants près de la surface. Les espèces qui habitent des régions froides hibernent pendant la mauvaise saison. L’unique espèce du genre voisin PizonyxP. vivesi, se nourrit de Poissons comme les Noctilionidae mais en diffère par les dimensions relativement considérable de ses pieds, dont les grands orteils sont munis de longues griffes fortement comprimées latéralement. On croit que une ou deux espèces asiatiques de Myotis sont parfois piscivores, mais Pizonyx est, avec les Noctilionidae, la seule chauve-souris qui se nourrisse uniquement de Poissons. Elle a une répartition limitée, car on ne la trouve que sur les îles de Golfe de Californie, sur les côtes voisines du continent et dans une partie de la côte occidentale de Basse-Californie. Elle fut découverte en1900. Elle dort dans les crevasses et les fentes des éboulis, sur les pentes des collines et surtout dans les ravins où se reproduisent deux espèces de petits pétrels; Oiseaux et Mammifères partageant les mêmes abris à l’époque des nids. Les Pizonyx sont assez communes dans leur habitat restreint, car Burt, qui débarqua sur une île avant l’aube, constata qu’elles étaient toutes revenues dans leurs retraites et qu’on les entendait crier partout.

Photo : Murin de Brandt (Myotis brandii).

Ce concert dura jusqu’à l’aube puis cessa. Reeder et Norris ont trouvé que Pizonyx se nourrit de crevettes (l’estomac de deux sujet étant rempli de petitsCrustacés), d’anchois et de Poissons du groupe des Athérines. A la différence des Noctilionidae, Pizonyx a la queue et le patagium interfémoral très allongés, mais elle a de grands éperons. Norris eut la possibilité de la voir pêcher non loin d’un fanal accroché au bord d’un bateau et il crut que cette chauve-souris utilisait sont patagium en guise d’épuisette pour capturer une proie. Bloedel estime que les choses se passe différemment et pense que Norris a mal interprété ce qu’il avait vu à cause des difficultés d’observer à une distance excédent 1 ou 2 m. Bloedel n’a pas pu voir Pizonyx pêcher en captivité comme Noctilionidae, mais il croit que la première se sert de ses pattes et les laisse traîner dans l’eau quand elle s’abaisse près de la surface. Selon lui, la queue serait recourbée en avant et le patagium plié contre le ventre au moment du plongeon (les éperons, assez longs, faciliteraient la manœuvre), et la poche formée par le patagium pourrait aider à la manipulation du Poisson capturé. Enfin, il a constaté que le régime comprend des quantités égales de crevettes et de Poissons pêchés séparément.

Miller a décrit chez Pizonyx un caractère qui, selon lui, serait unique dans la famille, à savoir l’existence d’une forte masse glandulaire près du milieu de l’avant-bras. Toutefois, un travail publié par Quay et Reeder en 1954 a montré qu’il ne s’agissait pas de glandes et que la position de cette masse n’était pas constante. Ils ont noté que des nodules peuvent être présents sur n’importe quelle portion du patagium et de la queue, mais que leur occurrence paraissait la plus fréquente en trois points de l’aile derrière les os du bras et de l’avant-bras. Ces nodules sont le siège d’inflammations et d’hémorragies chroniques et il s’y forme de nouvelles cellules sanguines : ils se trouvent généralement à l’intersection de faisceau de fibres musculaires élastiques. Dans ces renflements, le saignement provient de la rupture de capillaires; il s’ensuit une inflammation puis la formation de nouveaux globules blancs et rouges. La cause de ce phénomène peu ordinaire pourrait être une légère déficience en vitamine C qui se combinerait à une contre-pression dans les veines et à un engagement des vaisseaux pendant une période de forte chaleur. Tout cela paraît bien faire partie du domaine pathologique, bien qu’on ait constaté le phénomène chez tous les individus examinés. On a supposé qu’il y aurait un rapport entre cet état de choses et le régime à base de Poissons et de Crustacés, mais si cela était exact pourquoi ne trouve-t-on pas la même chose chez les Noctilionidae ? Pour conclure, tant qu’on aura pas fait d’expériences il sera impossible d’interpréter correctement ces observations. L’unique espèce du genre Lasionycteris, la chauve-souris argentée, du Canada et des États-Unis, est migratrice. On l’a souvent trouvée aux Bermudes et on a signalé des vols d’une centaine de sujets au large de la côte orientale des États-Unis. Des Lasiurus borealis les accompagnaient.

Photo : Pipistrelle de Savi (Pipistrellus savii)

Pipistrelles est un autre genre important, avec une cinquantaine d’espèces réparties dans le monde entier sauf en Amérique du Sud. Les Pipistrelles commencent à chasser les Insectes avant même la tombée de la nuit et se montrent souvent en plein jour. Ce genre contient certaines des plus petite et aussi des plus grandes espèces de la famille. Les Pipistrelles dorment dans toutes sortes de recoins, y compris les abris naturels, sous les toits et dans les fissures des maisons. Celles qui vivent dans les régions froides ont un sommeil léthargique en hiver.Les 3 ou 4 espèces de Glischropus, répandues entre le Sud-Est asiatique, l’Australie et la Tasmanie, diffèrent par la forme de leurs pieds et de leurs pouces; en effet, la sole plantaire du pied et la base du pouce portent des callosités qui représentent peut-être une ébauche de ventouses analogues à celle ces Thyropteridae. On retrouve les mêmes tampons chez les 3 espèces de Tylonycteris du Sud-Est asiatique et des îles voisines, jusqu’aux Philippines, mais chez elles les callosités des pattes sont fonctionnelles. Ces toutes petites chauves-souris ont un crâne curieusement aplati, qui leur faciliterait l’entrée dans les tiges de bambous, où elles passent lej our calées aux parois internes. Eudiscopus denticulatus est une autre espèce dont les pattes ont également des ventouses. On en connaît seulement quelques spécimens capturés au Laos, et leur façon dedormir n’a pas été observée.

Le genre Nyctalus, répandu en Eurasie, depuis les Açores jusqu’au Japon, compte une demi-douzaine d’espèces de Noctules. Ces sont de robustes Chiroptères aux ailes pointue, assez étroites, et au pelage dense, plutôt ras. Comme les Pipistrelles, les Noctules sortent tôt, souvent avant le coucher du soleil. Elles mangent des Insectes, surtouts des Coléoptères, des Orthoptères et de gros Papillons nocturnes. Une Noctule (N. noctula) baguée a été retrouvée à plus de 720 km du lieu où on l’avait relâchée, mais ce déplacement ne peut être assimilé à une véritable migration. La Noctule de Leisler (N. leisleri), plus petite, franchit également de grandes distances. Les Noctules vivent dans les grottes, les bâtiments, mais en été elles préfèrent souvent les arbres creux, où les femelles s’installent en colonies. C’est chez la Noctule d’Europe que Harrison et Davies étudièrent pour la première fois en 1949 la structure des glandes pararhinales holocrines. Il s’agit de glandes sébacées, transformées et fortement grossies, qui déversent leur sécrétion sur la face par l’intermédiaire de fins canaux qui s’ouvrent dans les follicules pileux. Elles donnent au museau un aspect boutonneux; chez certains genres, elles sont encore plus volumineuses que chez les Noctules et produisent de curieuses protubérances faciales. Les glandes pararhinales sont restées longtemps inconnues des zoologistes; pourtant on connaît les bosses glandulaires depuis que l’on étudie les chauves-souris. Il est probable qu’elles existent chez de nombreux, sinon tous les Microchiroptères. Mimetillus molonevi, seule espèce de son genre, est le Vespertillionidae qui a les ailes les plus courtes. Elle vit de l’Afrique centrale à la Rhodésie. On a dit que la brièveté des ailes était une adaptation à la capture des Insectes sur le sol, mais cela n’est qu’une hypothèse.

Eptesicus est encore un grand genre, avec ses 30 espèces réparties dans le monde entier. Ses représentants les plus connus sont E. fuscus, d’Amérique du Nord, et la Sérotine, E. serotinus, d’Europe, d’Asie et d’Afrique occidentale. La taille des Eptesicus varie beaucoup; leur fourrure, généralement brun foncé dessus, est plus claire dessous. Ces chauves-souris ont des ailes assez larges et volent d’une façon singulière à proximité du sol. Elles se nourrissent d’Insectes très variés mais semblent prendre un petit nombre dePapillons nocturnes. En captivité, elles attaquent et mangent souvent d’autres chauves-souris, mais en nature il semble que l’on ait jamais signalé ce comportement dans les dortoirs qu’elles fréquentent avec d’autres espèces. On a observé une fois qu’une E. fuscus avait été tuée par un serpent qui vivait dans la toiture d’une ferme occupée par des Chiroptères. E. fuscus, commune aux États-Unis, a été très étudiée par les zoologistes de ce pays, qui, à son exemple, ont beaucoup appris sur la biologie des Chiroptères : nourriture, habitude, hibernation, écholocation et reproduction. Deux espèces du Soudan et de la région du Cap sont parfois placée dans une genre distinct : RhinopterusE. (R.) floweri du Soudan, a l’extrémité supérieure des avant-bras, des pattes et de la queue, la moitié inférieure des ailes et le patagium interfémoral constellés de papilles verruqueuses. Chez E. (R.) notius, du Cap, celles-ci sont moins nombreuses. Les 4 espèces d‘Hesperopterus, qui vivent de l’Inde à Bornéo et en Malaisie, ont le même aspect et les mêmes habitudes que les Eptesicus, dont elles ne diffèrent que par des détails du crâne et de la denture. En revanche, les chauves-souris du genre Histiotis se distinguent des Eptesicus par leurs très grandes oreilles, aussi longues que la tête et réunies par une crête sur le front. On en connaît 4 ou 5 espèces propres à l’Amérique du Sud. L’unique espèce de Laephotis, d’Afrique orientale et Congo, leur ressemble beaucoup, mais ses oreilles sont nettement séparées et proportionnellement plus petites. La biologie de toutes ces chauves-souris semble mal connue ainsi que celle de Philetor, espèce de Nouvelle-Guinée, rarement observée.

Le genre Vespertillio, qui a donné son nom à la famille, n’a que 2 espèces, dont l’une, V. murinus, est répandue dans tout le nord de l’Europe et de l’Asie entre l’Angleterre et le Japon. Ces chauves-souris ressemblent aux Eptesicus mais ont des oreilles plus courtes et plus larges, et la fourrure de leur dos présente un aspect givré dû à la couleur blanchâtre de l’extrémité des poils. Elles vivent en colonies populeuses. Dans le genre Nycticeius on range une douzaine d’espèces du sud-est desÉtats-Unis, de Cuba, d’une grande partie de l’Afrique, de l’Inde, del’Australie et de la Nouvelle-Guinée. Les glandes pararhinales, bien développées, deviennent très volumineuses chez quelques espèces du sous-genre australien Scoteinus. En outre, les zones glandulaires sont nues et si vastes que la face supérieure du museau est très élargie et presque plate. La lèvre inférieure est nue ainsi que le pourtour des yeux, garni lui aussi de glandes.

Deux genres de Vespertillionidae, Scotomanes, du centre et de l’est asiatique, et Glauconycteris,de l’Afrique au sud du Sahara, diffèrent des autres espèces par leur coloration contrastée. Chez le premier, une bande blanche court le long du dos brun roux; il y a une tache blanche au sommet de la tête et une autre derrière chaque épaules. Les 5 ou 6 espèces de Glauconycteris ont une fourrure brune ou noire marquée de taches ou de rayures blanches. Les coins de leur bouche portent une sorte de caroncule reliée par une crête à l’oreille. Des excroissances de même nature mais encore plus importantes existent chez les chauves-souris du genre australien et néo-zélandais Chalinobus (4 espèces). Ce sont les chauves-souris carronculées. Wood Jones a dit que ces boursouflures, leur museau bref et leur front élevé leur donnent l’aspect de carlins. Cependant, il qualifie C. gouldi de jolie petite bête et regrette que l’on connaisse si mal son genre de vie. Une espèce, C. tuberculatus, présente un grand intérêt, car c’est l’un des deux seuls Mammifères indigènes de Nouvelle-Zélande, l’autre étant aussi un Chiroptère, Mystacina.

Trois genres se reconnaissent à leur coloration jaunâtre : les 2 espèces de Rhogeesa (Mexique central et nord de l’Amérique du Sud), beige pâle, sont communes dans les régions arides et dorment dans les arbres creux ou les toitures. On ignore quelles sont les mœurs de l’unique espèce de Baoedon (Mexique), pareillement colorée. Certaines espèces du genre Scotophilus (Afrique, Asie méridionale et Malaisie), qui en compte 10 au total, sont communes et dorment sous les toits ou dans les arbres creux, parfois même à l’air libre, accrochées aux feuilles des palmiers.

Les chauves-souris du genre Lasiurus ont également une coloration assez vive : la chauve-souris rouge, L. borealis, est rouge brique ou couleur rouille, L. cinereus, jaunâtre ou brun foncé avec l’extrémité des poils argentée, enfin, L. floridiamus varie du jaune au fauve orangé. Ce genre est largement répandu enAmérique; L. borealis et des espèces voisines vivent depuis l’Amérique du Nord jusqu’aux Antilles, L. cinereus en Amérique du Nord et aux îles Hawaii et L. floridiamus, ainsi que d’autres espèces, du sud des États-Unis au Rio de La Plata.

Arboricoles, les Lasiurus dorment dans les arbres et les buissons, isolément ou par petits groupes. C’est peut-être cette habitude de vivre en plein air qui les force à gagner des régions plus chaudes en hiver, car, tout comme Lasionycteris, elles sont migratrices dans le nord de leur habitat et se déplacent en compagnie d’autres espèces. On a vu une troupe de 200 chauves-souris rouges voler autour d’un bateau naviguant à 104 kilomètres des côtes duNew Jersey, et plusieurs fois des sujets migrateurs de cette espèce se sont heurtés à un gratte-ciel de New York, l’Empire State Building, haut de 448.66 mètres. Les quartiers d’hiver semblent se trouver au Mexique et dans les Antilles, mais un certain nombre d’individus restent tout l’hiver dans le nord et mangent quand les soirées sont plus chaudes. Les Lasiurus se nourrissent d’Insectes, mais on a signalé un L. cinereus qui avait tué et mangé une Pipistrelle. On pense qu’il s’agit là d’un comportement aberrant. Les Lasiurus sont les seuls Chiroptères ayant quatre mamelles pectorales; ils peuvent donc allaiter leurs portées de quatre petits (La plupart des chauves-souris n’ont qu’un seul petit, beaucoup en ont deux, les Lasiurus constituent une exception). Les quatre rejetons pèsent plus lourd que leur mère, qui les porte accrochés à sa fourrure. Elle les laisse au dortoir pour aller se nourrir. Certains représentants du genre Kerivoula ont eux aussi une coloration très vive. Ces animaux habitent l’Afrique du Sud, l’Inde et le sud de l’Asie jusqu’aux Philippines, laNouvelle-Guinée et le nord-est de l’Australie. K. picta, espèce asiatique, est orange ou même écarlate, avec les ailes noires et desbandes orange sur les doigts. Chez K. larosa, d’Afrique du Sud, l’extrémité claire des poils foncés a des reflets bronzés. Cette espèce et d’autres qui vivent aussi en Afrique du Sud dorment fréquemment dans les nids abandonnés par les Oiseaux du groupe des Tisserins, mais ailleurs elles choisissent des arbres creux, les feuillages ou les toits des maisons. La plupart ont une longue fourrure légèrement bouclée. Euderma maculata, qui appartient à l’un des trois genres de chauves-souris à oreilles, présentes également une coloration particulière : sa fourrure, d’un brun fuligineux, porte une tache blanche sur chaque épaule, une autre sur la queue et un demi collier blanc qui rejoint la face inférieure toute blanche. Cette très rare espèce est la seule de son genre et vit dans l’ouest de l’Amérique duNord et le nord du Mexique. Ses oreilles ressemblent à celles des Plecotus, genre qui comprend 5 espèces dont l’Oreillard, P. auritus, répandu dans toute l’Europe, en Asie tempérée et dans le nord duMexique. Pour dormir, ces chauves-souris plient leurs oreilles le long du corps, sous les ailes, et seul le tragus pointu et assez long, fait saillie comme une petite corne. Quand elles se réveillent, elles tiennent leurs pavillons auditifs dressés et tournés vers l’avant, mais au repos elles en recourbent le bord interne, plissent le bord externe en accordéon et les roulent avant de les placer sous les bras. Les Plecotus mangent des Insectes, volent assez lentement, mais peuvent se maintenir sur place pour chercher leurs proies dans les feuillages.

Les espèces des régions nordiques hibernent. Les glandes pararhinales sont assez volumineuses; chez certaines espèces américaines, elles atteignent un tel développement qu’elles forment de grosses bosses sur le museau. Otonycteris hemprichi, seule espèce de son genre, vit depuis l’Afrique du Nord jusqu’au Sud-Ouest asiatique et possède une fourrure assez pâle, de teinte beige. Ses grandes oreilles ressemblent un peu à celles des Euderma et des Plecotus, mais par sa denture et son crâne elle se rapproche nettement des Eptesicus.

Photo : Minioptères (Miniopterus scheibersi) en léthargie ; cette espèce hiverne en Europe occidentale. On a pu constater la forte mortalité de plusieurs espèces de chauves-souris lors des récentes vagues de froid, particulièrement des Pipistrelles,

Les 2 espèces de Barbastella, qui occupent une zone immense s’étendant de l’Europe occidentale à l’Asie méridionale, sont proches parentes des Plecotus, quoique leurs grandes oreilles ne soient pas aussi allongées; en revanche, un petit bourrelet de peau les unit par la base.Insectivores, les Barbastelles dorment dans les grottes et les édifices; elles ont une fourrure sombre et B. barbastella, qui vit en Europe, est presque noire, mais le bout des poils dorsaux parait plus clair. Les Minioptères (Miniopterus),ou Chauves-souris macrodactyles, vivent en Afrique, dans le sud de l’Europe et de là jusqu’en Australie, à travers l’Asie méridionale; on en trouve aussi sur quelques îles du Pacifique. Ce genre renferme une douzaine d’espèces caractérisées par l’allongement remarquable de la deuxième phalange du troisième doigt, qui est plié sous l’aile au repos, entraînant avec lui le patagium interfémoral élargi.Insectivores, elles habitent les cavernes, mais pas exclusivement, et forment parfois de vastes dortoirs. Le Minioptère M. schreibersi,espèce commune, a une coloration très variable allant du brun foncé au beige en passant par le roussâtre, tandis que les oreilles et le patagium interfémoral sont presque blancs. Il existe depuis le sud de l’Europe jusqu’au Japon, aux Philippines, en Malaisie et en Australie méridionale.

Deux genres de Chauves-souris à narines tubulaires, Murina (8 espèces) et Harpiocephalus (1 espèce), ont des narines qui s’ouvrent à l’extrémité de petits tubes, caractère unique chez les Microchiroptères des genres Nyctimene et Paranyctimene. Tous deux sont répandus en Orient, ont un régime insectivore mais restent mal connus. Leur fourrure laineuse est assez terne sauf chez M. aurata, jaune-vif sur la face ventrale.

Le pelage des chauves-souris pâles du genre Antrozous a le même aspect : crème ou beige chez A. pallidus d’Amérique du Nord occidentale (Son territoire va du sud-ouest du Canada au Mexique), il est plus sombre chez A. dubiaquercus, très rare espèce mexicaine. Les oreilles, de grande taille et légèrement pointues, ont leurs bords externes plissés. Le museau, tronqué, porte une crête en forme de fer-à-cheval au-dessus des narines et en arrière; les glandes pararhinales forment un petit renflement. Le repli qui surmonte les narines représente une feuille nasale rudimentaire qui devient plus complexe dans le genre suivant. Certains Antrozous quittent les régions nordiques, mais d’autres hibernent. Ces animaux occupent tous les abris qui leur conviennent, et leurs colonies réunissent 100 individus ou davantage. Pour chacun, ils volent à faible hauteur, sortent avant la nuit complète et, selon Howell, on les reconnaît à leurs grandes oreilles et à leur silhouette anguleuse. Ils prennent une grande partie de leur nourriture sur le sol (comme des Orthoptères et des Coléoptères au repos, ou des criquets aptères comme Stenopelmatus),ce qui est tout à fait inhabituel chez les Chiroptères. On en a même capturé dans des pièges posés pour attraper de petits Mammifères terrestres alors qu’ils essayaient de s’emparer des Coléoptères et des criquets attirés par les appâts. Il se peut également qu’ils prennent des lézards et des geckos nocturnes, à en juger par la facilité avec laquelle, en captivité, ils prennent et mangent ces petits Reptiles. Comme beaucoup d’autres, ces chauves-souris emportent au lieu de repos les proies trop volumineuses pour être dépecées en vol, et là elles s’installent, tête tournée vers le haut, tenant leur victime dans la poche formée par le patagium interfémoral et la queue redressée.

Les 8 espèces du genre Nyctophilus (d’Australie et de Nouvelle-Guinée), Pharotis imagene (de Nouvelle-Guinée) et les Antrozous (Chauves-souris pâles d’Amérique) forment la sous-famille des Nyctophilinae, qui sont les seul Vespertillionidae ayant une feuille nasale rudimentaire. Elles ont de longues et larges oreilles au contour ovale, unies à leur base par un bourrelet cutané transversal; elles peuvent les replier en courbant le bord interne vers l’extérieur et en plissant le bord externe. La feuille nasale, plus grande que chez Antrozous, a l’aspect d’une petite plaque nue qui surmonte les narines, elle est déprimée juste au-dessus de celle-ci et son bord postérieur est relevé.Les glandes pararhinales forment des protubérances de chaque côté de la face, en arrière de la feuille nasale. Ces particularités expliquent que le museau, très court, paraisse nettement retroussé. Les Nyctophilinae sont insectivores et on les a vu voler sur place devant les feuillages, pour capturer des Insectes et leurs larves à la façon des Plecotus. Les ressemblances qui existent entre les oreilles des Plecotus et celles des Nyctophilus dérivent probablement de la similitude des techniques de chasse. Il est possible que le plissement de l’oreille chez Antrozous ait quelque rapport avec l’habitude de se nourrir par terre, qui ressemble en fait à l’inspection du feuillage par les espèces qui prennent leur proie sur la végétation et non pas dans l’espace. Dans ce cas, il est possible que la proie soit localisée par les bruits ténus qu’elle produit et non point par le moyen de l’écholocation. Bien que certaines espèces vivent parfois en grandes colonies, ces chauves-souris sont généralement solitaires ou dorment en petits groupes dans les arbres creux, derrière une écorce soulevée ou dans les fentes des rochers et des grottes. Tomipeas ravus, du Pérou, forme à elle seule une sous-famille particulière (Tomopeatinae), car, malgré certains points communs avec les Vespertillionidae, elle ressemble aussi aux Molossidae. Extérieurement, on dirait une petite Pipistrelle ou un Vespertilion, mais ses oreilles ont la même forme que celle des Molosses et la septième vertèbre cervicale est soudée à la première dorsale, particularité inconnue chez les autres Vespertillionidae mais caractéristique des Molossidae.