Autrefois répandu en Suisse, ce petit animal avait presque disparu. Aujourd’hui. il semble de nouveau en progression.

Le Petit Rhinolophe, de la famille des Rhinolophidés, est le plus petit représentant du genre en Europe. Pesant entre 4 et 8 grammes pour une envergure d’environ 23 centimètres, cette espèce de chauves-souris est caractérisée par un repli de peau en forme de fer à cheval entourant ses narines. Grâce à cette sorte de mégaphone, le Petit Rhinolophe émet des ultrasons par le nez à des fréquences comprises entre 107 kHz et 114 kHz (donc clairement inaudible pour nous. L’une des caractéristiques originales de cette espèce est de rabattre sa queue au repos et de s’envelopper dans ses ailes, ce qui lui donne l’aspect d’une poire séchée.

Victime du DDT

Selon les spécialistes, le Petit Rhinolophe était encore largement répandu en Suisse il y a plus de cinquante ans. Mais, à partir des années 1950, ses effectifs ont fortement régressé, au point que ne subsistaient plus que quelques colonies dans les vallées alpines. En 2000, le conseil scientifique du Centre de coordination suisse pour l’étude des chauves-souris a lancé un programme d’étude et de protection intitulé « Rhippos ». Les objectifs étaient, d’une part, de décrire les causes de ce recul et, d’autre part, de proposer des mesures de protection efficaces. Une vingtaine d’experts en chauves-souris ont été sollicités, sous la direction de Fabio Bontadina et Raphaël Arlettaz, de la division biologique de la conservation de l’Université de Berne.

Les conclusions de ce travail montrent que le Petit Rhinolophe n’a pas vraiment souffert de la dégradation ou de la disparition de ses habitats, mais plutôt de l’utilisation à grande échelle du DDT. Rappelons pour mémoire que cet insecticide découvert à la fin de la Seconde Guerre mondiale est interdit en Suisse depuis le début des années 1970, à cause de ses effets à long terme et de sa très lente disparition dans le sol. Donc cette menace disparue, on pouvait s’attendre que les populations commencent petit à petit à progresser. C’est le cas et, en 2005, on dénombrait 46 colonies en Suisse, représentant quelques 4200 individus.

Le suivi des individus a été notamment effectué à l’aide de marquage par télémétrie. Ainsi on à découvert que le Petit Rhinolophe chasse en forêt jusqu’à une altitude d’environ 1500 mètres. Mais il ne s’éloigne guère de son gîte diurne et doit disposer de forêts riches en insectes dans un rayon de 2.5 kilomètres. Cette chauve-souris capture ses proies en vol longeant les cordons boisés ou en tournoyant dans la partie haute des arbres, poursuivant ses proies jusqu’à une hauteur de moins de 2 mètres du sol. A première vue, elle dévore tout ce qu’elle trouve au cours de son vol, avec une préférence pour les papillons nocturnes et les diptères de la famille des tipules. Ces derniers ont un vol assez lent et sont souvent de taille importante.

Pour les revoir sur le Plateau

Aujourd’hui, on estime que les ressources en nourriture sont suffisante autour des anciennes colonies de petits rhinolophes. De plus, d’autres analyses semblent indiquer que notre pays dispose sur son ensemble d’habitats adéquats. Donc, on peut imaginer une reconquête du Plateau à partir des colonies situées en bordure du massif alpin. Il s’agit de protéger en priorité ces populations et de leur offrir des gîtes convenables.

Le p

Petit Rhinolophe apprécie les greniers facilement accessibles, calmes et sans courants d’air. C’est sans doute là qu’il faudra inciter les propriétaires à ne pas trop calfeutrer leurs maisons pour partager un petit coin d’espace avec les chauves-souris. La présence des chauves-souris est sans doute plus agréable que celles des mouches.


Réf. : Revue d’information suisse de la biologie de la faune, ch-faune-info 3, juin 2006.