On affirme souvent que la Nouvelle-Zélande n’a pas de Mammifères indigènes parce qu’elle était déjà isolée avant que ces animaux aient pu l’atteindre à partir de leurs centres d’origines. La première partie de cette assertion est inexacte, car il y a 2 espèces de chauves-souris néo-zélandaise, Chalinobus tuberculatus, déjà citée, et Mystacina tuberculata, unique représentant de la famille des Mystacinidae. Cependant leur présence en Nouvelle-Zélande confirme la deuxième partie de l’affirmation, car seuls des Mammifères ailés étaient capables de gagner ces îles.
C. tuberculatus est sans doute arrivée assez récemment, car elle est étroitement apparentée à des espèces australiennes. Au contraire, la venue de Mystacina doit être beaucoup plus ancienne, parce qu’elle diffère tellement des autres chauves-souris qu’on a pas pu la classer dans une autre famille. Elle a des affinités avec les Vespertillionidae et les Molossidae et dérive probablement d’une souche du type Molosse. Mystacinaest un petit être à fourrure veloutée, dense, qui mesure 6.5 cm du museau à la racine de la queue. Les oreilles et les tragus sont assez longs et pointus, les narines proéminentes. La courte queue traverse le patagium interfémoral et apparaît sur sa face dorsale. Le pouce porte un coussinet charnu et les soles plantaires sont recouvertes d’une peau lâche et ridée. Les griffes, très aiguës, dont chacune a un petit éperon à la base. Le patagium, très épais près du corps, s’amincit vers l’extrémité des ailes. La troisième phalange du troisième doigt est ossifié et non point cartilagineuse comme chez les Vespertillionidae et les Molossidae. Ces détails facilitent le repliement de l’aile contre le corps quand la chauve-souris ne vole pas. Tous ces caractères sont en rapport avec les mœurs peu ordinaires de Mystacina : bien qu’elle soit capable de chasser les Insectes en plein vol, elle préfère en effet parcourir les branches et les rochers pour y trouver ses proies. Les griffes, les bourrelets des doigts et les ailes bien pliées lui permettent de courir librement par terre et de grimper sur les arbres avec agilité. Mystacina, ou son ancêtre, est arrivé en volant, mais son évolution s’est faite dans le sens d’un retour à la vie terrestre.