Elle compte près de 90 espèces réparties entre 11 genres et distribuées dans les régions chaudes d’Amérique, d’Afrique, d’Asie et d’Australie. Au nord, elles avancent jusqu’au centre des États-Unis, en Europe méridionale et en Corée.

Les Molossidae sont des chauves-souris à queue libre, cet appendice dépassant de beaucoup le bord du patagium interfémoral. De taille variable, certaines espèces atteignant tout de même 15 cm du museau à la base de la queue, elles ont un aspect robuste. Le patagium et les oreilles sont épais somme du cuir. La plupart des espèces ont de grosses lèvres plissées verticalement et les narines s’ouvrent par une protubérance au bout du museau camus. Les lèvres supérieures recouvrent les inférieures, et chez de nombreuses espèces, en particulier les chauves-souris-dogues du genre Eumops, elles donnent à l’animal l’expression d’un limier. Les grandes oreilles ont un petit tragus, lobe qui s’élève du bord externe du pavillon près de sa jonction avec la face, en arrière du cuir de la bouche. Les ailes sont longues et étroites, d’où la brièveté du cinquième doigt. Les pattes sont courtes mais fortes, et le péroné est bien développé, caractère unique chez les Chiroptères à l’exception de Mystacina. Les pieds ont des soles plantaires assez charnues; le bord externe des premiers et cinquièmes orteils porte une frange de poils raides dont l’extrémité est élargie en cuillère chez de nombreuses espèces. Selon Wood Jones, ces poils serviraient à lisser la fourrure en même temps que le peigne fourni par les griffes des orteils. Des poils de forme identique existent aussi sur le museau de nombreux Molosses, mais leur fonction n’est pas évidente.

Au repos, le patagium interfémoral se plie transversalement, car il a une grande mobilité et peut glisser sur la queue de haut en bas. Quand les ailes sont fermées, la deuxième phalange du troisième doigt, repliée ou tournée en avant, entraîne avec elle la troisième phalange et le bout de l’aile. La plupart des Molossidae courent ou grimpent avec adresse. Goodwin et Greenhall disent que Molossus ater, d’Amérique tropicale, se déplace comme une souris sur les parois et le sol de son dortoir, les pointes des ailes relevées sous les aisselles. Et cependant les longues ailes étroites, la structure de l’articulation scapulaire plus spécialisées pour le vol que celle des autres Chiroptères les rendent capables de voler très vite avec une grande habileté. Les Molossidae allient donc les qualités des quadrupèdes à celle des animaux aériens. Insectivores, ils sortent de leur dortoir avant la nuit. Ils dorment en grandes troupes dans toutes sortes de cavités naturelles (grottes, fentes de rocher, trous d’arbres, écorces relevées, feuilles d’arbres repliées…), mais fréquentent également les bâtiments et recherchent particulièrement les toits de tôles galvanisées sous lesquelles la température diurne atteint 54 degrés. En Californie, Howell a constaté que Tadarida brasiliensis mexicanus était la plus ubiquiste des chauves-souris et déclare; Ses colonies sont les plus nombreuses et les plus importantes; dans le nord du Mexique, certaines groupent des centaines de milliers d’individus …elles peuvent se trouver dans le coin d’un grenier ou derrière une enseigne en bois où l’on pourrait croire qu’elles se feront griller par le soleil, mais au crépuscule elles sortent par un trou dans lequel une musaraigne ne pourrait y passer, semble-t-il, et disparaissent dans l’obscurité (A.B. Howell, Some californian experiences with bats roosts,1920). Certains Molossidae effectuent des déplacements saisonniers, mais, bien que les autres espèces puissent tomber en léthargie quand il fait froid, aucun n’entre réellement en hibernation. Beaucoup d’espèces ont sur la gorge une poche glandulaire, que l’on a trouvée plus fréquemment chez les mâles que chez les femelles, il est difficile de la remarquer. On a constaté que certains Molosses des régions tropicales et subtropicales d’Amérique jouent le rôle de vecteurs de la rage, mais rien ne permet d’affirmer qu’ils transmettent cette maladie à l’homme ou aux animaux domestiques comme le font les Vampires.

Photo : Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), seul représentant en Europe de la famille des Molossidés ; c’est la plus grande chavue-souris d’Europe. La queue, très longue, dépasse le patagium interfémoral ; les oreilles cachent une grande partie de la face.

Quand les Molosses sont éveillés, ils tiennent leurs grandes oreilles tournés vers l’avant, et leurs grosses lèvres plissées leur donnent une expression très particulière. Les plus bizarres de la famille sont incontestablement les 2 espèces du genre Cheiromeles, ou chauves-souris nues, de Malaisie, de l’Inde et des Philippines. Ces grands Chiroptères mesurent plus de 12 cm de long (tête et corps), et ont une fourrure si courte et si clairsemée qu’ils paraissent entièrement nus. Leurs museaux allongé et coupé droit ressemble à celui d’un porc et leurs oreilles diffèrent de celles des autres Molossidae par leur brièveté et leur écartement. La peau du cou et du menton forme de larges plis, ainsi que celle du patagium interfémoral quand il est retroussé par-dessus la queue; l’animal paraît alors enveloppé dans une couverture ou une robe trop grande. Outre le patagium, un repli de peau s’étend le long du corps entre l’aile et la patte et ferme une poche dans laquelle les ailes sont pour ainsi dire rangées. Le premier orteil est opposable comme un pouce, et la chauve-souris peut marcher encore plus facilement que Molossus, les pointes des ailes logées sous les aisselles. Autrefois, on croyait que la poche servait à transporter le petit, mais il n’en est rien, car elle existe chez les deux sexes.Sous la gorge, le repli cutané forme un sac glandulaire dont la sécrétion répand une forte odeur musquée. Tous les Molossidae, et surtout les mâles, ont un fumet de ce genre. Les chauves-souris nues sont insectivores, dorment dans les arbres creux, les fentes de rochers ou des trous dans le sol, et leurs colonies réunissent parfois un millier d’individus ou plus. Le genre Tadarida (précédemment appelé Nyctimonus) contient une soixantaine d’espèces des pays tropicaux et subtropicaux du monde entier. On l’a divisé en plusieurs sous-genres considérés comme distincts autrefois mais actuellement réunis en un seul. Ces chauves-souris de taille réduite ont les oreilles, les lèvres et la grande queue typique des Molossidae. Chez certaines espèces, la fourrure du dos s’arrête juste à la queue et laisse un espace nu en arrière. Elles dorment dans les arbres creux, les bâtiments ou les grottes, souvent en colonies importantes. Les rassemblements les plus importants sont ceux de T. brasiliensis, espèce américaine aux nombreuses races. Le guano de ces chauves-souris, riche en phosphate et en nitrates, possède une réelle valeur fertilisante et les dépôts situés dans les grottes accessibles sont exploités commercialement. Les plus célèbres de ces gisements se trouvent dans certaines cavernes du Texas et du Nouveau-Mexique où Tadarida s’assemble en nombre incroyables.Les grottes Carlsbad, au Nouveau-Mexique, ont une population d’environ 8 millions de ces chauves-souris, et la grotte Ney, au Texas, en héberge de 20 à 30 millions. La quantité d’Insectes dévorés par ces multitudes doit être colossale. Ces chauves-souris ont joué un rôle dans au moins deux guerres. Selon T. Norris, pendant la guerre de Sécession, les Confédérés se servirent de ce guano pour en extraire du nitrate et faire de la poudre à canon. Toutefois, l’usage le plus fantastique que l’on ait fait des Chiroptères fut de s’en servir comme bombardiers vivants, pendant la deuxième guerre mondiale. De petites bombes incendiaires pesant une trentaine de grammes et munies d’un système de déclenchement à retardement furent fixées sur des chauves-souris que l’on mit, au nombre de 1000 à 5000, dans des bidons, On s’était servi de Tadarida de la grotte de Ney qui, maintenu à basse température, ne requéraient aucun soin pendant de longues périodes. Le bidon était fixé à un parachute, largué d’un avion, et devait s’ouvrir à 300 mètres de haut pour libérer les animaux, qui se dispersaient dans la zone choisie pour cible. Au cours d’un essai, un faux village fut ainsi incendié. Toutefois, la puissance des armes atomiques rendit inutile l’emploi des chauves-souris, la cruauté de l’homme envers ses semblables égalant celle qu’il avait manifesté à l’égard des animaux.

Certains Tadarida sont migrateurs et l’on estime que plus de 60 millions d’entre eux migrent chaque année entre leur résidence d’été du sud des États-Unis et leurs quartiers d’hiver situés au Mexique. Les Tadarida font partie des rares Mammifères chez lesquels les petits ne reçoivent pas forcément le lait de leur mère : en effet, elle ne les emporte pas avec elle et ils restent au dortoir pendant qu’elle sort la nuit, se faisant nourrir par toute femelle qui revient. Quelques espèces du sous-genre Tadarida (Choerophon),dans lequel on place une vingtaine d’espèces d’Afrique et d’Indo-Malaisie, se distinguent par la touffe de longs poils érectiles qui se trouve sur la tête des mâles. Dans le genre voisin Platymops (3 espèces africaines), le crâne est très aplati et l’on pense que cela a quelque rapport avec l’habitude qu’ont ces chauves-souris de dormir dans les fissures de rocher. La biologie des espèces appartenant aux genres Otomops et Xiphonycteris est mal connue. Les 6 espèces d’Otomops qui vivent en Afrique, dans le sud de l’Asie et en Nouvelle-Guinée ont une grande taille et de vastes pavillons auditifs qui ressemblent à des ombrelles. Dorst a décrit O. madagascariensis d’après des sujets trouvés dans une grotte. O. formosus, de Java, dort dans des trous d’arbres. Ces animaux sont rares, au moins dans les musées. L’unique espèce de Xiphonycteris, dont on ne connaît que quelques spécimens d’Afrique occidentale, se reconnaît à ses canines supérieures acérées et d’une longueur exceptionnelle.

Le genre Molossus, qui a donné son nom à la famille, compte une douzaine d’espèces d’Amérique centrale et du Sud. Les Molosses doivent cette dénomination au fait que leur faciès ressemble à celui des chiens du groupe des dogues (les chiens des bergers Molosses étaient célèbre dans la Grèce antique). Les Molosses ressemblent beaucoup aux Tadarida mais ont un petit tragus et une seule incisive inférieure. Certains, comme M. ater, présentent deux phases colorées, rousse et noire. Cette espèce a de vastes abajoues, et selon Goodwin et Greenhall, l’animal revient à son dortoir pour mâcher et avaler la nourriture dont il les a bourrées. Ces auteurs signalent également que les deux sexes ont dans la bouche, au-dessus des canines, de grosses glandes dont les orifices s’ouvrent quand la chauve-souris mange. Les 4 espèces de Promops ont une répartition similaire et se distinguent par la présence d’un bourrelet qui traverse la face en son milieu et va du point de jonction des oreilles au bout du museau. Il y a environ une douzaine d’espèces de Molossops, autre genre d’Amérique centrale et du Sud; ces chauves-souris de taille moyenne ou petite ont des oreilles nettement séparées. Elles dorment en petits colonies dans les arbres creux, et l’une des espèces a été observée alors qu’elle creusait le bois pourri d’une souche morte. On ne sait presque rien des mœurs de l’unique espèce d’Eomops répandue en Afrique tropicale; elle a des oreilles rondes avec un petit tragus et un museau assez long.

Les 8 espèces du genre Eumops habitent surtout l’Amérique tropicale, mais deux ou trois atteignent le sud des États-Unis. E. puotisa été étudiée en Californie par plusieurs zoologistes qui l’on trouvée vivant en petites colonies dans les crevasses des falaises, mais aussi dans les bâtiments. Ces chauves-souris aux grandes ailes étroites préfèrent les abris situés entre 4.5 et 6 mètres au-dessus du sol, car il leur faut de la place pour s’envoler; cependant, en cas de nécessité, elles peuvent partir du sol. Elles n’aiment pas voler, sauf pour aller se nourrir quand il fait nuit. Howell a constaté qu’elles sont très agile par terre : Les pointes des ailes pliées au-dessus du dos, donc bien en sûreté, elles ont l’air de galoper, et les mouvements de leurs bras rappellent ceux d’une nageuse de crawl (A.B. Howell, Contribution to the life history of the californian mastiff bats,1920). Quand ces Chauves-souris marchent et rencontrent une paroi verticale, elles se mettent à la gravir à reculons, cherchant les prises avec leurs pattes étendues (Cette méthode est sans doute utilisée par d’autres espèces, dont les Rhinolophes). On a noté qu’une colonie installée dans une falaise devenait active à la fin de la matinée et au début de l’après-midi. Les animaux se déplaçaient, lançaient des cris aigus mais restaient tranquilles à partir de 16heures jusqu’au moment de leur départ nocturne. E. puotis a une grande bouche qui peut s’ouvrir largement, mais on croit qu’elle se nourrit de petits Insectes et Howell s’est demandé pourquoi cette bête qui mange de menues proies avait une cavité buccale aussi vaste. Les Eumops ne migrent pas et n’hibernent pas, quoique dans le nord de leur habitat ils puissent entre en léthargie pour de courtes durées quand il fait froid en hiver. La glande gulaire, si fréquente chez les Molossidae, existe chez les deux sexes et elle est particulièrement volumineuse chez les mâles pendant la période de reproduction. Elle sécrète une substance huileuse, blanchâtre, à odeur forte, qui servirait à attirer les femelles, mais cela semble inutile chez les chauves-souris qui vivent en colonies mixtes, notamment chez les Tadaridaqui s’assemblent par millions. Cette substance joue peut-être le rôle de stimulant sexuel. Howell et Little estiment que la callosité qui se trouve à la base du pouce représente probablement le vestige d’une sorte de ventouses qui permettait aux ancêtres de ces chauves-souris de grimper sur les parois abruptes. Ils appuient leur hypothèse sur le fait que la chauve-souris nouveau-née a un pouce et une callosité de grande dimension. Ils croient également que les poils spécialisés qui se trouvent sur le bord externe des premiers et cinquièmes orteils et qui existent chez les jeunes, complètement nus par ailleurs, ont une fonction tactile et servent à l’animal quand il recule dans une crevasse obscure.